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Un monde de crobard
29 janvier 2008

Envies en vrac

Des envies qui tourbillonnent et virevoltent sans cesse dans ma tête. Des envies de tout, de rien, de bricoles et de gros trucs, des envies de babioles et des envies en forme de grands projets. Des envies qui changent, souvent, et qui reviennent, tout aussi régulièrement. Des envies dont la papillonnante constance me dit tout ce qu'elles ont de compensatoire en elles, tout ce qu'elles révèlent de frustrations aussi...

MadeleinesParce que c'est bien de cela qu'il s'agit. J'ai des envies que je ne peux assouvir, que je ne m'autorise pas à assouvir. Et non, je ne vous parle pas uniquement des madeleines trempées dans un mug de thé brûlant ou de chocolat chaud qui me font fantasmer depuis deux semaines !

Non.

Je suis en pleine effervescence consumériste.

J'ai des envies de thés délicats (comfort food), des envies de savons qui sentent bon (comfort smells), des envies de produits jolis pour faire ma fille (comfort textures ?), des envies de pelotes de cachemire et d'alpaga (comfort fibers...), des envies de livres en veux-tu en voilà (comfort intellectual activity, pour sûr !). Des envies de me remettre à la photographie "pour de vrai", des envies de plonger "pour de bon" dans la couture, des envies de me lancer enfin dans la réalisation de ces grilles de broderie que je semble devoir collectionner sans jamais y toucher (comfort manual activities ?). Des envies, du coup, de jolis tissus doux et souples, de beaux coupons de lin et d'échevettes de coton multicolores, de vêtements bien coupés, d'accessoires qui me parlent. Des envies d'aménagement dans ce chez-moi où je ne vis pourtant plus depuis presque deux mois (comfort quoi, pour le coup ?), et puis, des envies d'ailleurs, des envies d'autre chose. Des envies d'avoir envie de me lever le matin, des envies d'avoir envie d'aller au bureau, des envies d'avoir envie d'y retrouver des personnes appréciées, pour leurs qualités humaines au moins autant que pour leurs talents professionnels. Bref, des tas d'envies plus déraisonnables les unes que les autres...

Alors je regarde cette vie que je n'ai pas désirée et dans laquelle je suis en train de me perdre, cette petite routine sur laquelle s'émousse peu à peu la curiosité insatiable qui a été mon principal moteur pendant tant d'années (il n'y a finalement pas plus efficace pour sculpter une pierre qu'une goutte d'eau qui tombe, inlassablement, en la frappant au même endroit...), ce tout nouveau sentiment de peur à l'idée d'en sortir, malgré tout - et au moment où je prends conscience de tout cela, qu'une forme de honte me balaye en même temps qu'une impression de gâchis, je me dis que je suis en train de passer à côté de ma vie...

Ce sont très exactement les mots qui ont éclaté dans ma tête, samedi soir. "Je suis en train de passer à côté de ma vie."

Lampadaire, Paris, 9 décembre 2007 Depuis, je cherche.

Doucement, presque paisiblement.

J'écoute les rumeurs de mon coeur et de ma tête, leurs idées folles, leurs peurs aussi, et j'essaye de ne juger ni dans un sens, ni dans l'autre. Je m'attriste parfois quand j'ai l'impression de tourner en rond, je m'émerveille aussi, quand une évidente évidence me saisit.

C'est une image bien idéale que je donne là de ce travail qui se fait presque à mon insu, mais ne vous y trompez pas : c'est un processus douloureux, et je ne m'avère pas toujours capable de cette écoute sans interférence - loin de là. C'est qu'elle est puissante, la tentation de "meubler", de masquer ces choses qui font peur derrière une agitation factice, de bloquer la sarabande des pensées en se noyant dans des futilités - surtout maintenant que j'ai accès à la télévision...

Jeudi, je profiterai néanmoins de la journée de récupération que j'ai posée pour aller glisser mes doigts dans les écheveaux si doux exposés à la Droguerie, avant d'aller explorer la mythique caverne d'Ali Baba qu'est G. Detou pour la première fois. J'irai flâner dans les rayons du BHV, papeterie et ustensiles de cuisine, à la recherche du papier idéal pour mes lettres de motivation et mes CV, et d'un nouveau mug pour remplacer celui, tout ébréché, que j'ai emprunté à une collègue lorsque j'ai cassé le mien, au bureau. Je ne descendrai pas au sous-sol, par contre : pour les étagères étroites destinées à mes boîtes à thés et à épices, j'irai plus près de chez moi. Côté livres, pousserai-je jusqu'à Saint-Lazare, pour me perdre dans les rayons de mon préféré parmi les magasins Fnac de la capitale ? Ou bien profiterai-je plutôt de l'occasion pour aller explorer de plus près cette petite librairie découverte, avenue de Tolbiac, un jour de panne de métro ? Il me reste un jour et deux soirées pour décider...

Photo : rayon de soleil et lampadaire au pied du Grand Palais, Paris, 9 décembre 2007.

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Commentaires
C
Je n'arrive pas à me dire que tu étais sous nos pieds !! Peut-être même que Babouche t'a vue par la fenêtre ??!! Je vais la faire parler demain !! ;)
C
Alors ??!! Nous t'avons attendue !!
M
Envies de thés délicats, de savons qui sentent bons, de trucs de filles, d'alpaga... des envies déraisonnables ? <br /> me voilà bien embêtée, car à la virgule prêt j'aurais pu faire la même liste, mais jusque là je trouvais ça plutôt raisonnable, des envies de femme quoi ;-)))<br /> Grâce à ton passage sur mon blog, j'ai vu que tu as acheté la l'alpaga pour l'écharpe, bon tricot alors ! j'espère que c'est pour toi cette fois !
T
Quel joli texte... Tu parais si sereine (oui, je sais, il faut se méfier de certaines apparences)...<br /> <br /> Quand tu dis 'je suis en train de passer à côté de ma vie', est-ce à dire de ta vie telle que tu l'imagines ? imaginais ? <br /> <br /> Jeudi, entre deux cours, j'aurai une pensée pour toi et tes déambulations. <br /> <br /> Je t'embrasse (et merci de ce que tu écris ici ou ailleurs).
L
Tu as donc des projets, des envies, des refus, des questions intérieures, de petits plaisirs etc. Tout cela me fait plaisir.
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