Petites choses sans conséquences
Est-ce d'avoir (enfin) préparé l'essentiel des affaires qu'il nous faudra emporter à la maternité ? j'ai cru, un moment, que cette contraction inhabituellement douloureuse nous annonçait que la journée, commencée à deux, se terminerait à trois. Et puis, rapidement, m'est venue la certitude que non, cet enfant ne partagerait pas sa date d'anniversaire avec feu son arrière-grand-père.
Alors j'ai continué les préparatifs, paisiblement. J'ai lavé la deuxième écharpe de portage, après en avoir fixé les couleurs au sel et au vinaigre. J'ai repris le petit gilet kimono délaissé quelques temps au profit d'une écharpe, puis d'Internet. J'ai goûté au plaisir simple d'une journée au rythme lent, auprès de l'homme que j'aime. Et j'ai fini par ressortir la machine à coudre...
Il y a celles qui, avec une vieille chemise de leur amoureux, font de belles tuniques pour leurs petits. Et puis il y a ces autres, analphabètes de la couture, qui, avec le même butin, ne peuvent, ne savent que bidouiller : un col décousu, des poignets mousquetaires découpés, des ourlets refaits, et c'est une chemise d'allaitement qui est née, sans grand miracle, sans grand mérite. Mais j'aime cette idée que bientôt, quand ce gros bidon aura un peu dégonflé, quand nous serons devenus officiellement trois, et que notre enfant me dira sa faim, c'est un petit peu de son papa qui nous enveloppera, lui et moi, pour ce moment pas tout à fait comme les autres...