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Un monde de crobard
17 juin 2008

Vénus callipyge

Vénus de WillendorfIl paraît que je ne constitue en rien un cas particulier, que c'est un sentiment commun à toutes les femmes qui partagent ma condition actuelle. Il paraît aussi que je finirai par m'y habituer, ou peut-être, plutôt, par relativiser, au fur et à mesure que la chose empirera. Mais pour l'instant, rien n'y fait : je ne parviens pas à faire mien ce corps alourdi, adipeux, molasson, ce corps flasque et gonflé, qui ne ressemble en rien à l'image que je me fais de celui d'une femme enceinte. Et j'en souffre.

Je n'ai jamais été svelte. Ou plutôt, si, mais il y a si longtemps que cette époque appartient pour moi à une autre vie. A 16 ans, je me souviens que je souffrais déjà des quelques centaines de grammes supplémentaires que mon corps affichait par rapport à ceux des autres filles de la bande que je fréquentais alors. Avec le temps, les quelques centaines de grammes se sont mués en quelques kilogrammes, puis en une dizaine, une douzaine, une quinzaine de kilos. Un jour de désespoir, un jour de trop grand dégoût de moi, j'ai sauté le pas, et je suis allée consulter. J'ai appris alors que ce surpoids n'était pas uniquement de mon fait, mais tenait pour une large part à un dysfonctionnement de mon organisme. Que ma gourmandise légendaire, trait familial marqué, n'arrangeait évidemment en rien.
La bataille contre mes kilos en trop a alors commencé. J'en suis sortie victorieuse, après plusieurs mois d'une lutte acharnée, mais consciente que la victoire serait éphémère. Et graduellement, les kilos sont revenus ; pour ralentir ce processus, il faudrait que je raye définitivement de mon vocabulaire alimentaire les mots "sucre", "fruits", "chocolat", et autres douceurs du même acabit. Je n'y parviens pas. Pas encore en tout cas.

Alors j'ai commencé ma grossesse avec quelques kilos en trop - disons entre 7 et 9, selon qu'on est plus ou moins exigeant. J'ai eu la chance de ne pas souffrir de nausées pendant ces trois premiers mois. Et donc la "malchance" de ne pas perdre de poids pendant les premières semaines, à l'inverse de beaucoup de femmes. Aujourd'hui, ma balance affiche +3,5 kilos par rapport à mon poids initial. C'est-à-dire quasiment le double de ce que j'aurais dû prendre. Et cela va sûrement sembler d'une superficialité atterrante à certains, mais OUI, je m'en inquiète, et surtout, OUI, j'en souffre.
Ma mère, mes amies, compatissantes, me parlent de leurs propres grossesse, en me racontant comment elles ont arrêté de se peser une fois arrivées à +18 kilos. Ma mère, mes amies, compatissantes, font partie de ces catégories de femmes haïssables communément appelées "lianes", "vraies maigres" ou "fausses maigres", mais sûrement pas membres de la famille "tendance marquée à l'embonpoint", comme moi. Ma mère, mes amies, compatissantes, étaient toutes d'une sveltesse de haricot vert avant d'être enceintes ; autant dire que les 10 premiers kilos qu'elles ont pris leur ont tout juste permis de retrouver la norme à laquelle est asujettie la plupart des autres femmes, à savoir "se dit en se regardant dans la glace qu'elle pourrait judicieusement perdre un ou deux kilos... voire même trois ou quatre ou cinq !". Bref : ma mère, mes amies, compatissantes, ne me sont d'aucun secours.

Alors oui, il y a plus grave, et j'ai sûrement tort de me plaindre, moi qui ne souffre de quasiment aucun des "petits ou grands maux" d'ordinaire associés à la grossesse. Mais, si je m'inquiète pour mon propre bien-être physique et psychique (toute femme qui s'est trouvée confrontée à un problème de poids, en excès ou en manque, et donc à la question de son image, saura sûrement de quoi je parle), je m'inquiète aussi pour cet enfant que je porte, et que mon surpoids risque de pénaliser dès sa vie intra-utérine. Et le découragement me prend, avec la sempiternelle ribambelle de questions idiotes de la nullipare, au premier rang desquelles le fameux "mais est-ce que je vais savoir m'y prendre correctement ?"...

Lassitude...

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Commentaires
T
Oh la la... merci mais c'est pas rassurant du tout, ça... bon, ma peau ne pendouille pas quand même alors je vais oublier !!<br /> <br /> <br /> Vénuuuuuus, on s'ennuie sans toi !
N
@Telle :<br /> C'est une opération dont je ne connais pas le nom exact, mais que plusieurs de mes copines (mères de 3 enfants) s'étaient faites faire gratuitement dans le 77. Je ne sais si c'est toujours possible (ça date de 6-7 ans)et si c'est valable partout, mais il s'agit de couper le peau du ventre qui pendouille après plusieurs grossesses (le tablier). C'est une opération très douloureuse et très dangereuse.
M
et...c'est dans les rondeurs d'une femme que l'on trouve les désirs et les tendresses les plus forts: celles des amantes et celles des mères...un jour, trouver un peu d'amour de toi à Toi pour trouver là tout un monde de tendresse à toi destiné et par toi dessiné...pour d'autres aussi...<br /> K.
L
Merci à toutes pour ces mots, pour vos confidences, pour tous ces cadeaux que vous me faites, à moi, une inconnue...<br /> Il y aurait beaucoup plus à dire, trop pour un commentaire - peut-être un prochain billet en forme d'épilogue (temporaire...) ?<br /> Mais, du fond du coeur, encore merci pour votre gentillesse, votre sollicitude. Elles m'ont fait plus de bien que vous ne pouvez l'imaginer.
M
arf. Je suis comme toi, de nature bien en chair et d'une famille où on aime faire ripaille.<br /> J'ai pris 23 kilos à chacune de ems grossesse. J'étais un peu obsédée par mon poid au début et plus du tout à la fin.<br /> 3.5 kilos en 3 mois ça va :) Mais évidement je comprends que tu le vives mal et que tu t'inquiète pour bébé. Les hormones travaillent beaucoup hein ? ;) <br /> Surveilles-toi (mais gentiment) et profite de cette état (ça passe si vite ) !
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