Avec et sans
Il y a quelques jours, à l'occasion d'un déjeuner, je confiais à ma (mon ?) vis-à-vis que, malgré la procédure de divorce cahotique, malgré toute l'aversion que m'inspirait mon travail, et surtout les conditions dans lesquelles je l'accomplissais, je ne voudrais pas échanger ma vie pour celle de quelqu'un d'autre.
Il y a quelques jours, ma vie me semblait somme toute bien enviable.
Aujourd'hui, aucun des facteurs qui la composent n'a réellement évolué. Logiquement, ma vie reste donc toujours enviable, du moins pour la moi "d'avant".
Alors, pourquoi ce spleen ? Pourquoi cette noyade dans des bricoles, dans des détails ?
Fatiguée, je me suis couchée tôt, hier, et ai été réveillée dans mon tout premier sommeil. J'ai passé le reste de la nuit à somnoler, focalisant malgré moi sur ces broutilles dont je sais bien qu'elles me pourrissent la vie sans pour autant revêtir la moindre importance : la gaffe de la secrétaire du Big Boss, glissant une remarque perso dans une conversation professionnelle alors qu'Anastasia était à côté, et le téléphone sur haut-parleur ; les missions répétitives et lassantes à faire pour avant-hier, que j'ai zappées, et dont l'oubli pourrait éventuellement m'être reproché ; ce micro-drame que représente la durée inconnue de mon attente avant un nouveau poste ; toutes ces petites choses qui me laissent insatisfaite et stressée. Sans raison valable.
Alors, consciente de l'inanité de la torture que je m'infligeais, j'ai essayé de réorienter mes pensées vers des choses plus agréables. Sans succès : comme dans le conte d'Andersen, les éclats du miroir qui étaient entrés dans mon oeil y ternissaient même les plus belles, les plus douces images.
Un coeur en hiver ?